CORONAVIRUS | Pas de « pouvoirs spéciaux » pour casser la législation sociale

24 mars 2020
Presse

Nous sommes dans une crise sanitaire sans précédent. La santé publique est la priorité absolue.

Il ne peut y avoir de débat sur le fait que les activités essentielles, tels que les soins de santé ou encore les services d’aides aux personnes (et toute la chaînes d’approvisionnement qui y est liée) doivent être assurées. Il se peut également que d’autres activités économiques soient jugés nécessaires et poursuivent leurs activités à condition que l’on puisse garantir la sécurité et la santé des travailleurs.

Toutefois, malgré les sanctions prévues, nous devons constater que de trop nombreuses entreprises continuent leurs activités sans adopter les mesures de sécurité nécessaires ou sans les faire respecter, mettant ainsi la santé des travailleurs en jeu. A cet égard, nous appelons les employeurs à prendre leurs responsabilités sans que les travailleurs n’aient à mettre leur vie en danger pour garantir leurs bénéfices.

Les mesures de confinement doivent être respectées à tous les niveaux. Les mesures de sécurité doivent être assurées même en cas de « service minimum » pour les entreprises.

Nous rappelons que le cœur du problème est d’éviter la propagation du coronavirus.

Dans le cadre de l’Arrêté ministériel du 18 mars 2020 portant des mesures d’urgence pour limiter la propagation du coronavirus, nous déplorons qu’il ait été rédigé sans concertation avec les organisations syndicales et sous l’influence unique du lobbying des organisations patronales ! En tant que FGTB nous exigeons que les développements futures tiennent compte de l’avis des organisations syndicales qui ont la meilleure connaissance pratique du terrain.

Nous sommes également interpellés par les premiers échos que nous recevons dans le cadre des pouvoirs spéciaux qui seront prochainement votés.

Des voix se lèvent déjà pour mettre en avant les efforts qui seront nécessaires pour relancer la machine économique. Flexibilité, modération sociale (loi de 96), vacances raccourcies et autres semblent, déjà, de retour dans les esprits de certains avant même que la population ne soit à l’abri.

Les pouvoirs spéciaux ne doivent porter que sur la gestion SANITAIRE de la crise. Il n’est pas question qu’ils soient d’une quelconque nature à remettre en cause la législation sociale. Dans ce cadre, l’expérience de l’AM du 18 mars, décidé sans concertation des organisations syndicales mais sous le lobbying patronal, nous laisse extrêmement circonspects. C’est pourquoi nous demandons que la loi qui sera votée exclue toute possibilité d’intervention unilatérale en matière de législation sociale.

Pas question de créer un effet d’aubaine ouvrant grand la porte à toute dérive en matière de temps de travail ou de nouvelles flexibilités.

La priorité absolue doit rester la santé et la sécurité de notre population. La concertation sociale doit rester notre socle de discussion absolu. Nous devons garder le cap en soutenant nos outils de solidarité que sont la sécurité sociale et les services publics, ils sont plus indispensables que jamais, et pour cela il est inconcevable que la législation sociale soit mise à mal.