Le coût des cancers professionnels

16 janvier 2018
Actualité

Selon les résultats d’une étude de l’institut syndical européen (ETUI), le coût des cancers liés au travail dans l’UE s’élève entre 270 et 610 milliards d’euros chaque année, soit 1,8 % à 4,1 % du produit intérieur brut de l’UE.

Outre les souffrances liées à la maladie chez les travailleurs, les cancers professionnels représentent des montants considérables dont la plus grande partie est prise en charge par les familles. Ces coûts pour les malades doivent être réduits et les efforts menés en termes de prévention et de protection des travailleurs doivent être accrus. C’est ce que défend l’Institut syndical européen, et nous les rejoignons dans ce point de vue.

1,3 million de décès par cancer par an

Il est estimé que 1,3 million de décès suite à un cancer se produisent dans l’Union européenne chaque année. Entre 2 et 12% de ces décès sont liées à l’exposition à des substances cancérigènes sur le lieu de travail. Pour lutter plus efficacement contre les cancers professionnels, l’ETUI a estimé nécessaire de considérer la problématique sous un angle économique, en s’attardant sur les coûts pour le citoyen, l’employeur et le gouvernement.

L’étude s’est intéressée aux éléments carcinogènes les plus impliqués dans le développement des cancers professionnels, et en a sélectionné vingt-cinq, dont l’incidence est la plus grande. Leurs effets ont également été analysés sous l’angle du genre, du nombre de travailleurs exposés, du niveau de risque, de la situation géographique etc. Ces 25 éléments sont pour certains des produits chimiques, pour d’autres des situations considérées comme « à risque », comme le travail de nuit ou en poste. La période analysée s’étend sur cinquante années, certains cancers ayant un temps de latence pouvant atteindre cette durée.

Augmentation du risque avec le travail de nuit

Une publication récente reprenant les résultats de nombreuses études indique que le travail de nuit est lié à un risque accru de cancers du sein, gastro-intestinal et de la peau chez les femmes. Les chercheurs constatent une augmentation de 19% du risque de cancer pour les femmes travaillant de nuit pendant plusieurs années.

Des coûts à charge du patient

La plupart de ces coûts sont distribués entre les gouvernements/contribuables, et les malades et leur famille. Les entreprises subissent également ces charges (absence du travailleur, assurances…). Toutefois, l’étude précise que la plupart des cancers ont un temps de latence allant de 10 à 50 ans. Il n’est donc pas rare que le travailleur ait changé d’emploi, ou soit pensionné, au moment du diagnostic de cancer. Avec pour résultat que l’entreprise où le travailleur a été exposé aux substances carcinogènes ne soit pas impactée par la maladie ou l’absence de ce dernier.

Nos revendications

Nous souhaitons que la législation sur le bien-être au travail soit adaptée afin de la renforcer sur les risques liés aux nanomatériaux, perturbateurs endocriniens, cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, et sur l’exposition à plusieurs de ces agents chimiques.

Plus généralement, il est fondamental de mettre sur pied un registre centralisé d’exposition des travailleurs aux facteurs de risques professionnels et un dossier médical global complété par les données récoltées via la médecine du travail.

L’objectif est d’une part, d’assurer une traçabilité et, d’autre part, de s’assurer une surveillance de santé prolongée (donc après l’exposition ou la fin du contrat) via la création et l’exploitation dans l’intérêt du travailleur d’un dossier médical global complet. Le médecin traitant à qui  le travailleur donnerait accès à ces données pourrait ainsi, dans le respect des règles de la vie privée, analyser l’état de santé du travailleur ou de la travailleuse en parfaite connaissance de toutes les données concernant son patient, ce qui est très important notamment par rapport à la question du temps de latence entre affections et symptômes.