Pensions : le point sur les mesures du gouvernement

19 mars 2018
Actualité

Que vous soyez proche ou non de la fin de carrière, il va falloir attendre plus longtemps avant d’y avoir droit. Toute une série de mesures ont été prises ces deux dernières années par le gouvernement pour vous faire travailler plus longtemps et faire des économies sur votre dos.

Travailler plus longtemps

  • L’âge légal de la pension a été porté de 65 à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030 ;

  • L’âge d’accès à la pension anticipée a été porté de 62 à 63 ans ;         

  • Le nombre d’années nécessaires pour accéder à la pension anticipée a été augmenté de 2 ans, c-à-d de 42 à 44 ans pour partir à 60 ans, de 41 à 43 ans pour partir à 61 ans, de 40 à 42 ans pour partir à 63 ans ;

  • L’âge d’accès à la prépension conventionnelle (RCC) a été porté de 60 à 62 ans ;

  • Les régimes spéciaux de prépension ont été portés de 56 à 60 ans ;

  • Les emplois de fin de carrière (crédit-temps de 1/5 ou ½ temps) ont été portés de 55 à 60 ans.

Et toucher moins

Pour bénéficier d’une pension complète, il faut avoir presté une carrière professionnelle de 45 années. Parce que la barre est placée si haut, des périodes d’inactivité involontaire (chômage, maladie, prépension) - de même que les crédit-temps indemnisés par l’ONEM - sont aussi prises en compte.  On dit que ces années sont « assimilées » à du travail. Ces années représentent en moyenne un tiers de la carrière, voire jusqu’à 37% pour les femmes. Si on ne les comptait pas, on aurait 1/3 de pension en moins…

Toujours avec l’idée de pousser les gens à travailler plus longtemps, le gouvernement Michel a modifié les règles d’assimilation, c’est-à-dire le salaire de référence qui sert à calculer le montant de la pension pour les années d’inactivité dues au chômage ou à la prépension (RCC carrière longue).

  • La pension pour les années de chômage en 2e période, c’est-à-dire après un an de chômage, sera calculée sur base une rémunération fictive de 24.247 € bruts par an au lieu du dernier salaire gagné. Si celui-ci est plus élevé que ce minimum, on perd sur le montant de sa pension.

  • La pension pour les années de RCC longue carrière (prépension) sera aussi calculée sur base de ce minimum. Or, en fin de carrière, le dernier salaire gagné est généralement plus élevé.

Suite à nos protestations, une exception a été introduite pour les travailleurs licenciés après l’âge de 50 ans. De même, les travailleurs qui sont partis en prépension avant le 1er janvier 2017 et les prépensionnés (RCC) métiers lourds, construction, motifs médicaux, entreprise en restructuration/difficulté continuent à voir leur pension calculée sur la base du dernier salaire.

La fin de l’unité de carrière

Vous avez commencé à travailler très jeune, vous avez vos 45 ans de carrière  et vous avez pu arrêter de travailler avant 65 ans via la prépension (RCC). Mal vous en a pris ! Vous serez pénalisé au moment de la retraite. Les années de RCC – ou les années de chômage - après les 45 ans de carrière ne vous ouvrent aucun droit de pension et ce sont donc vos 45 premières années – moins bonnes point de vue salaire - qui sont prises en compte au lieu des 45 meilleures années. Résultat : une pension plus basse.

Une mesure particulièrement injuste : ceux qui ont commencé à travailler jeunes ont souvent eu un métier pénible.

Déjà pensionné ? 

Déjà pensionné ? Vous avez vos 45 ans de carrière et vous pensez être tiré d’affaire, ne plus être concerné ? Non ! Les pensionnés sont mis aussi à contribution.

  • Saut d’index de 2% : 30 € en moins pour une pensions de 1.500 €.
  • Augmentation des impôts : le gouvernement a décidé de ne pas augmenter le crédit d’impôt (la partie du revenu exonérée d’impôt) en faveur des pensionnés. Toute augmentation octroyée d’une main (indexation, liaison au bien être) est reprise par l’impôt.
  • Diminution de 40% du budget « bien-être » prévu pour l’amélioration des allocations.
  • Et comme si ça ne suffisait pas, l’augmentation de la pension minimale pour compenser le tax-shift qui ne s’applique pas aux pensionnés a été réservée à ceux qui ont une carrière complète. Ceux qui ont la pension minimum mais des carrières plus courtes n'y ont pas droit.
  • Si vous ne vous en sortez pas avec votre pension, vous pouvez retourner travailler : les ”flexi-jobs” sont ouverts aux pensionnés et les activités complémentaires après l’âge de la pension ne sont plus limitées
  • Le bonus pension supprimé : une prolongation de votre carrière de quelques années après 63 ans, vous aurait donné une prime substantielle de 83 à 250 € par mois sur votre pension. Le gouvernement l’a supprimé. Plus simple et moins cher de forcer les gens à travailler plus longtemps ou à travailler après la pension.

Les femmes grandes perdantes

Les femmes sont les grandes perdantes de la politique des pensions. En 1997, une femme pouvait prendre sa pension à 60 ans après 20 années de carrière. On a depuis lors aligné l’âge et les conditions de carrière des femmes sur celles des hommes : 65 ans/45 ans de carrière. Beaucoup ne remplissent pas les conditions de carrière et gagnent moins que les hommes. La carrière d’une femme dure en moyenne 36,6 ans.  L’écart salarial F/H et le temps partiel de loin plus répandu chez les femmes font que leur pension est généralement plus basse, y compris en ce qui concerne la pension complémentaire. La pension moyenne des femmes est de 882€ contre 1.181€ pour les hommes, ce qui n’est pas glorieux non plus.

Aujourd’hui, les femmes doivent prouver une carrière de 44 ans pour pouvoir prendre la pension à 60 ans. Bon nombre d’entre elles n’auront donc pas droit à la pension anticipée. Elles devront attendre d’avoir atteint l’âge de 67 ans pour prendre leur pension.

Si en plus on revoit à la baisse les assimilations pour les périodes d’inactivité, leur pension sera encore plus basse.