Le Journal du Congrès de la CES | mercredi 22 mai 2019

22 mai 2019
Actualité

Le 14ème congrès de la Confédération européenne des Syndicats a lieu à Vienne du 21 au 24 mai. Sous le slogan « une Europe plus juste pour les travailleurs », il rassemble plus de 600 délégué-e-s appartenant aux 90 organisations syndicales et aux 10 fédérations syndicales européennes affiliées à la CES. La FGTB y est représentée par une délégation emmenée par le Président et la Secrétaire générale et y suis les travaux jour après jour.

Solidarité syndicale avec la Palestine

En marge du Congrès de la CES, La FGTB, la CGT et la CFDT (France), CCOO et UGT (Espagne), CGIL (Italie), ÖGB (Autriche) et TUC (Royaume Uni) ont organisé un évènement de solidarité syndicale avec la Palestine, dont le but était d’identifier les instruments de politique étrangère dont dispose l’Europe aujourd’hui.

La situation en Palestine s’aggrave avec les politiques de colonisation qui s’intensifient. Les condamnations répétées de l'Union européenne semblent n'avoir aucun effet sur cette situation. Divers instruments de la politique étrangère de l'UE, dotés chacun de forces et de faiblesses, pourraient encore être identifiés afin de donner une nouvelle impulsion, de renverser la tendance négative et de promouvoir des actions positives visant à améliorer les investissements économiques et la création d'emplois équitables, ainsi que de meilleures conditions de travail pour les travailleurs palestiniens.

Construire une force syndicale pour de meilleurs emplois et salaires 

Un autre panel intitulé « construire une force syndicale pour de meilleurs emplois et salaires » a eu lieu dans la journée. Nicolas Schmit, ancien Ministre luxembourgeois du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et Miranda Ulens, Secrétaire générale de la FGTB, y participaient.

Sur la question des salaires, Miranda Ulens a présenté la campagne « Fight for 14 » initiée par la FGTB : « Se battre pour 14€/h comme salaire minimum est un point de départ pour parler de pouvoir d’achat et de syndicalisation. Se battre pour 14€/h, c’est un moyen de lutter contre la précarité croissante, de lutter pour des salaires décents, de lutter contre les inégalités dans nos sociétés. Nous savons que ce sera un combat que nous devrons poursuivre dans le temps. Nous savons que nous ne l’aurons pas demain, mais c’est un moyen de faire pression. »

Concernant la négociation collective, Miranda Ulens a insisté sur l’importance de préserver un modèle pyramidal de négociation collective. C’est-à-dire ? Tout d'abord la négociation collective au niveau national, puis au niveau des secteurs, et enfin au niveau des entreprises.

« Pour obtenir de meilleurs résultats, nous devons bien sûr nous organiser. Les syndicats forts négocient mieux. Et les syndicats puissants négocient collectivement lorsque cela est possible, mais mobilisent également et agissent lorsque cela est nécessaire. Un autre point important est que nous devons également, lorsque cela est possible, créer et maintenir des actions syndicales dans l’unité, avec les autres syndicats. »

Contournement de la législation fiscale et sociale

Une réunion belgo-néerlandaise a également eu lieu sur le sujet des sociétés boîtes aux lettres.

Les coûts sociaux des sociétés boîtes aux lettres sont clairs. Dans un rapport commandé par la CES, le groupe de recherche néerlandais a présenté un certain nombre d'études de cas sur la manière dont les sociétés boîtes aux lettres de l'UE servent à contourner la législation fiscale et sociale (souvent en combinaison avec de longues chaînes de sous-traitance). En outre, les sociétés boîtes aux lettres sont également en lien avec le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes.

Ces pratiques sont particulièrement répandues dans le secteur des transports, mais également dans l’industrie de la transformation de la viande ou de la cueillette de fruits, par exemple, pour lesquelles on trouve des sociétés boîtes aux lettres surtout dans les pays de l’Est.

Toutefois, on trouve un grand nombre d’entreprises boîtes aux lettres au Benelux, principalement pour des motifs fiscaux. Par exemple, dans un récent rapport du Parlement européen, les Pays-Bas et le Luxembourg ont été qualifiés de paradis fiscaux. Le coût de l'évasion fiscale via les Pays-Bas pour les autres États membres est estimé dans le rapport à 11,2 milliards d'euros.

Les Pays-Bas, le Luxembourg, mais aussi la Belgique, luttent faussement contre la concurrence fiscale avec les autres États membres de l'UE. Il serait pourtant préférable que nos gouvernements travaillent à une politique industrielle au niveau du Benelux qui vise à attirer de réels investissements et activités économiques plutôt que des sociétés boîtes aux lettres.

Le dumping social et le contournement de la législation du travail constituent un problème majeur que nos travailleurs, notamment dans les secteurs sensibles, rencontrent au quotidien. La lutte contre ces pratiques par le biais de règles plus strictes au niveau de l'UE et de restrictions légales du nombre de maillons d'une chaîne de sous-traitance revêt donc pour nous une importance capitale.