Proposition de médiation du Kern : un chèque n’est qu’un chèque

29 novembre 2022
Presse

La proposition de médiation du Kern, qui était censée offrir une issue à l'impasse entre employeurs et syndicats, manque son objectif. Nous voulons récupérer une réelle liberté de négociation, telle que le recommande l’OIT (Organisation Mondiale du Travail). Ni plus, ni moins. Les mesures « sparadraps » posées sur la norme salariale à 0%, comme un chèque, ne profitent pas à la concertation sociale. Les travailleurs et travailleuses méritent plus, et mieux.

Tant qu’on ne dissociera pas l’enveloppe sociale de la négociation sur les salaires, on assistera à ce jeu de vases communicants entre salaires et allocations sociales. Aujourd’hui : moins d’allocations de chômage en échange d’une amélioration des bas salaires. Ce chantage libéral n’a pas lieu d’être. Le découplage des deux dossiers est la seule manière que cela cesse.  Tant que la loi sur la norme salariale ne sera pas modifiée, les syndicats ne pourront plus négocier librement des augmentations de salaires, les travailleurs dépendront de la composition et de la décision du gouvernement en place !

Nous regrettons que les employeurs n’aient pas voulu remettre un avis commun des interlocuteurs sociaux sur la répartition de l’enveloppe Bien-Etre car la sécurité sociale et les allocations sociales sont essentiellement de notre ressort. Mais nous saluons le fait que toutes les allocations sociales progressent au-delà de l'inflation, y compris les pensions et les allocations de chômage. Cependant, il est inadmissible qu’au nom du « dada libéral » selon lequel les allocations de chômage ne doivent pas augmenter au-delà de l'inflation, une partie importante des fonds auxquels les demandeurs d'emploi ont droit, ne leur soit pas allouée et soit utilisée pour les travailleurs actifs.  Cela ne peut constituer un précédent. Nous pouvons tout à fait augmenter les salaires les plus bas, sans siphonner l’enveloppe Bien-Etre, qui doit intégralement servir aux allocations sociales. Rappelons que la majorité des allocations sociales minimales sont toujours inférieures au seuil de pauvreté en Belgique…

Quant à la proposition de médiation sur la marge salariale, elle contient des points positifs :

  • Le gouvernement ne fait que fixer un cadre et les critères d’attribution de la prime seront librement définis par les interlocuteurs sociaux à l’intérieur des commissions paritaires, donc dans les secteurs.
  • Le plafond de la prime est fixé à 750€ et non à 500€ (comme pour la prime corona).

Mais un chèque reste un chèque. Une prime unique dont tout le monde ne pourra pas bénéficier. Pour beaucoup, le montant accordé sera bien inférieur à 750€. Et une fois de plus, le taux de cotisation à la sécurité sociale sera inférieur au taux de cotisation habituel. Nous déplorons que les travailleurs des services publics soient de facto exclus de l’accord, comme ils l’ont été pour la prime corona en 2021.

La FGTB ne relâchera pas la pression. Les travailleuses et les travailleurs doivent obtenir leur part car ce sont elles, ce sont eux qui assurent la productivité des entreprises, qui génèrent les profits.

Une manifestation nationale, que nous espérons toujours en front commun, est d’ores et déjà prévue à Bruxelles mi-décembre. Pour de meilleurs salaires, pour des factures d'énergie moins élevées, pour des impôts justes.