Les femmes gagnent toujours 22,7 % de moins que les hommes

17 mars 2022
Actualité

22,7%. C’est l’écart qui persiste entre les salaires des femmes et celui des hommes. Cet écart salarial est calculé pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, quels que soient leur métier, leur secteur, leur type de contrat ou leur fonction. La FGTB dénoncera cette injustice lors de la Journée de l’écart salarial, qui a lieu cette année le 24 mars.

22,7% d’écart salarial. Pourquoi un tel écart ?

Il s’explique d’une part par des positions différentes occupées par les femmes et les hommes sur le marché du travail, mais aussi par l’occupation à temps partiel de nombreuses femmes. Il s’explique également par différents mécanismes cachés, préjugés et stéréotypes, qui conduisent à des discriminations fondées sur le sexe.

Stéréotypes de genre et répartition traditionnelle des rôles

La répartition traditionnelle des rôles pousse les femmes, dès le plus jeune âge, dans une certaine direction. Même si c’est souvent le fruit d’un processus inconscient, une fille sera généralement encouragée à travailler dans le secteur des soins, plutôt que dans l’informatique, par exemple. L’éducation et l’environnement social expliquent qu’un garçon sera, lui, plutôt dirigé vers une formation d’ingénieur que vers une carrière dans le commerce de détail.

Ce sont ces mêmes causes qui entraînent une répartition déséquilibrée des tâches entre les femmes et les hommes au niveau du ménage et des soins aux enfants.

Position des femmes sur le marché du travail

Cette répartition traditionnelle des rôles a pour conséquence que les femmes se retrouvent non seulement dans des secteurs moins rémunérateurs - pourtant essentiels – mais aussi dans des fonctions moins bien payées.

Notons par exemple que l’on retrouve une majorité de femmes dans les secteur des soins, de l’éducation des enfants ou du commerce. Les salaires y sont trop faibles, malgré le caractère essentiel pour la société que représentent ces métiers. Par contre , dans les branches de l’économie, à prédominance masculine, les travailleurs sont mieux payés .

En outre, les femmes travaillent plus souvent que leurs collègues masculins dans des fonctions moins bien rémunérées et y restent. Elles ont aussi moins d’opportunités de promotion. Ces deux phénomènes sont qualifiés de « plancher collant » et de « plafond de verre ». Nous notons par exemple que les femmes ne représentent que 3% des CEO (en Belgique ?), soit les plus gros salaires.

Travail à temps partiel

43% des femmes travaillent à temps partiel, ce qui a évidemment un impact sur le niveau de la rémunération et sur le calcul de la pension, bien souvent à peine équivalent, voire inférieur, au seuil de pauvreté.

Le travail à temps partiel résulte rarement d’un choix délibéré. D'une part, dans les secteurs les moins bien payés, les employeurs ont nettement plus recours au travail à temps partiel. Dans la distribution par exemple, une majorité de travailleurs – surtout des femmes – travaillent moins qu’un temps plein. Dans la plupart des cas, elles ne l'ont pas choisi.

D'autre part, le manque d’infrastructures accessibles en matière d’accueil des enfants a pour conséquence que les travailleurs – et, une fois encore, surtout les femmes qui assument la majorité des tâches de soins - peuvent difficilement combiner travail et vie privée. Ce sont donc plus souvent elles qui interrompent leur carrière pour prendre soin de leurs enfants ou de leurs parents dépendants.

Les femmes vivent avec une pension moyenne de 1.077 € brut/mois

Conséquence de ces salaires inférieurs, ceux-ci mènent inévitablement à des pensions réduites. Si les femmes gagnent moins que les hommes, il n’est pas surprenant que le risque de pauvreté chez les personnes âgées soit plus élevé chez les femmes.

Nous avons obtenu que la pension minimum pour une carrière complète soit revalorisée à 1500€ net par mois. Malheureusement, de nombreuses femmes n’en bénéficieront pas puisqu’elles ne peuvent justifier une carrière  complète, soit de 45 ans.

Nos revendications

Les métiers essentiels doivent faire l’objet d’une revalorisation salariale, de meilleures conditions de travail et de carrières faisables. Le salaire minimum doit être relevé à 14€/h ou 2300€ brut/mois. Pour la FGTB, c’est le minimum pour vivre dignement !

Diminuer le temps de travail des hommes et augmenter celui des femmes via une réduction collective du temps de travail. Ceci permettrait de résoudre en grande partie le problème de l’inégalité au niveau du régime de travail, du salaire et de la conciliation vie privée et vie professionnelle.

Un plus gros effort doit être fait au niveau des infrastructures d’accueil et de soins pour les rendre accessibles (tant en termes financier que de proximité) et de qualité. Le congé de naissance doit être élargi et rendu obligatoire, pour permettre aux pères qui sont mis sous pression de pouvoir le prendre.

Les pensions des femmes doivent être revalorisées. L’âge de la pension doit redevenir 65 ans et le nombre d’années de carrière prises en compte pour le calcul de la pension réduit à 40 pour coller à la réalité des carrières des femmes. Le calcul de la pension devrait également tenir compte des difficultés et discriminations auxquelles les femmes sont confrontées sur le marché du travail.