STOP au pillage de notre sécurité sociale

23 janvier 2020
Actualité

Alors que les partis politiques pataugent et n’arrivent pas à former un gouvernement, les partis de droite qui faisaient partie de la coalition sortante et le patronat qui les soutient (à moins que ce ne soit l’inverse) continuent de faire comme s’ils n’avaient pas été durement sanctionnés par les électeurs.

Ils entendent poursuivre l’« œuvre » de la « Suédoise ». À commencer par leur « gros-œuvre » qui consiste à piller les ressources de la sécurité sociale en réclamant de nouvelles baisses des cotisations patronales et de nouvelles baisses d’impôts.

Pourtant, le gouvernement fédéral sortant n’y est pas allé de main morte avec son tax shift. Réduction du taux de cotisation patronale à la Sécu de 33 % à 25 %. Réduction de l’impôt sur les sociétés de 34 à 25 % (20 % pour les PME). Tout cela à crédit parce qu’ils n’ont pas prévu le financement pour ces largesses, si bien que le déficit qu’ils étaient supposés réduire s’est encore approfondi.

Jamais rassasiés

Mais peu leur chaut… Ils ne sont jamais rassasiés. Ils veulent aller plus loin. Dans son mémorandum, la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) réclame une nouvelle réduction des cotisations patronales à 20 %. Comeos, la fédération patronale du secteur du commerce, a récemment elle aussi demandé une réduction à 20 % voire une exonération totale des cotisations pour les bas salaires. Et avec les libéraux, les organisations patronales des PME appuient le maintien de la « gratuité » du premier salarié embauché et l’extension de cette gratuité aux deuxième et troisième salariés.

Mais qui dit « gratuit » pour l’employeur, dit « au frais de la princesse et de la sécurité sociale » c’est-à-dire de la collectivité… Il y a donc de bonnes raisons de mettre fin au pillage de notre système de protection sociale et de travailler au refinancement de celui-ci.

Tout d’abord, parce que ces impôts et cotisations sociales payées sur nos salaires directs et différés (les cotisations employeur) sont en fait redistribués aux gens, sous forme d’allocations sociales ou de services collectifs tels que l’éducation et les transports publics. De plus, dans un contexte d’inégalités croissantes, de vieillissement de la population et de défi climatique, nous avons besoin de plus de redistribution et de plus d’État.

Enfin, nous constatons que la politique du moins de contributions et du plus de subventions aux entreprises ne marche pas. Dans son bulletin de décembre 2019, la Banque nationale écrivait en termes très diplomatiques comme à son habitude : « La réduction des coûts salariaux unitaires ne se reflète pas toujours pleinement dans la baisse des prix à l’exportation, mais se reflète en partie dans les marges bénéficiaires des entreprises ». En appelant un chat un chat, cela veut dire que la baisse des cotisations à la Sécu et des impôts vont en grande partie dans la poche des actionnaires.

Renverser la vapeur

Tel est l’enjeu central de la formation du prochain gouvernement : il faut faire machine arrière et garantir à nouveau la protection sociale. Donc bétonner le financement de la sécurité sociale en faisant contribuer le travail comme il se doit, mais aussi en mettant davantage le capital à contribution. Il faut par ailleurs garantir l’équilibre budgétaire via une fiscalité juste.

C’est le sens même et le message de la manifestation du 28 janvier organisée à l’initiative de la FGTB pour une Sécurité sociale forte et fédérale. Et cela n’est que le début d’une vaste combat idéologique pour rétablir dans l’opinion le bienfondé et la valeur ajoutée sociale des contributions fiscales et parafiscales.