Pour une vie familiale et privée retrouvée... Déconnectez !

06 février 2018
Actualité

Ce 6 février, c'est la journée internationale sans smartphone. Face à l’augmentation sans cesse croissante des cas de burn-out et au stress continu au travail, il est temps de penser à déconnecter. Au-delà des gestes individuels de déconnexion, il devient urgent de repenser le rapport au travail et de réaffirmer voire de sauvegarder notre droit à une vie privée et familiale.

Connexion ininterrompue

On « like », « share » et « tweete » en permanence. E-mails, applications, connexion ininterrompue, partout et avec tout le monde, et donc aussi avec nos collègues et notre environnement professionnel. Cette « attache » virtuelle peut être malsaine. En outre, il est de plus en plus difficile de résister à la tentation de « checker » ses mails chez soi et de répondre vite à son employeur.

Selon notre dernière enquête sur l’impact des conditions de travail sur la santé des travailleurs Modern Times II, le stress lié à l’utilisation des nouvelles technologies (technostress) est omniprésent chez les travailleurs. Ainsi, 53,3% des personnes sondées ressentent l’obligation de consulter leurs mails professionnels en dehors des heures de travail.

Pour Peter Fleming, professeur à l'Université de Londres, ce phénomène s’explique par le fait que la culture de l’entreprise a évolué depuis 15 ans. Si rien ni personne ne nous oblige effectivement à envoyer un mail après les heures de travail, la pression mise sur les travailleurs, l’augmentation de la charge de travail, parfois combinée avec une baisse des effectifs, nous amène malgré nous à poursuivre le travail en dehors des horaires prévus, et à domicile. Si cela a à voir avec une certaine éthique de travail, mais aussi la peur de se faire « débarquer ».

Le technostress

L’utilisation intensive, qu’elle soit imposée, volontaire ou perçue comme obligatoire, du téléphone portable en dehors des heures de travail n’est pas sans conséquence pour la santé des travailleurs. Ce technostress a un impact considérable sur notre santé, notre rapport au travail et rend la conciliation entre notre vie privée et notre vie professionnelle de plus en plus ardue.

Pour 89% des répondants subissant cette forme de stress, le technostress lié au travail a un impact considérable sur le iveau de stress (57,2%), l’humeur (46,6%), la vie de famille (43,2%) et le temps consacré aux proches (35,1%).

28.000 cas de burn-out en 2017

Ce technostress est un des facteurs pouvant mener les travailleurs à des situations de stress intense voire de burn-out.

D’après les derniers chiffres de l’INAMI, en 2017, 28.000 personnes ont été victimes de burn-out. En outre, 60.000 personnes ont été déclarées en incapacité de travail en raison de dépression.

Si les causes du burn-out sont variées, nulle doute que l’utilisation intensive du téléphone portable pour des raisons professionnelles en est un facteur important. Dans un livre récemment publié, Alexander Markowitz étudie la relation entre le nombre de burn-out et l'évolution des smartphones. Selon Markowitz, nous consultons constamment notre smartphone (en moyenne 53 fois par jour), à savoir 3 heures par jour.

Notre addiction au smartphone est dûe en grande partie au phénomène « FOMO ». FOMO signifie Fear of Missing Out, ou la peur de « manquer » quelque chose. Nous sommes inondés de messages, de mises à jour, de photos ou de vidéos de la vie quotidienne d'amis, de collègues et de beaucoup d'étrangers. Inversement, nous les inondons également avec le même flux d'informations, dans l'espoir de faire réagir et d'interagir. C’est là la clé du problème. Ne pas être connecté, c’est « risquer » de manquer cette source de plaisir ou de satisfaction.

Le smartphone nous rend toujours accessible, même professionnellement. Il est difficile de dire exactement quand cette forme de technologie est devenue une source de stress au bureau, et après les heures de travail. Mais à un certain moment, un changement s'est produit. Votre patron vous dit que vous n'avez pas à répondre immédiatement à ses sollicitations, mais implicitement vous pensez que c’est ce qu’on attend de vous. Et dès lors : vous vérifiez vos mails professionnels pendant le week-end, vous recevez ou envoyez un message ici et là... FOMO, version travail.

Vers un « droit à la déconnexion » à la belge ?

Face aux impacts des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur notre rapport au travail, il est temps de changer les choses. De nombreux pays ont mené des expériences pilotes visant à garantir le droit aux travailleurs à une vie privée et familiale. Le droit de ne plus être joignable !

En Belgique, les employés ne doivent pas être légalement accessibles en dehors des heures de travail. Pourtant dans les faits nombreux sont ceux qui ressentent le besoin ou la nécessité de répondre à des mails professionnels en soirée ou le weekend.

Pour la FGTB, il est nécessaire de négocier des règles claires garantissant le droit de à la déconnexion. Toutefois, les projets actuels semblent relativement peu efficaces et effectifs. En effet, le projet de loi déposé par le Ministre Peeters vise à instaurer une concertation au sein des CPTT afin de définir un droit à la déconnexion. Si la FGTB accueille positivement l’aspect « concertation » de ce projet, force est de constater que face à l’ampleur du phénomène, le projet de loi apparait beaucoup trop faible et trop peu contraignant. En effet, le projet prévoit que le CPTT ne peut formuler que des propositions et émettre un avis. En outre, même en cas d’accord ou de décisions qui s’y apparentent, le projet ne prévoit aucune obligation de mettre cet accord ou ce règlement en application ou de l’inscrire au règlement de travail. Une bonne idée, mais largement insuffisante.

Repenser le rapport au travail : ensemble pour le changement !

Face à l’ampleur du phénomène de burn-out et de maladies professionnelles liées à l’utilisation intensive des nouvelles technologies, il apparait plus que nécessaire de repenser notre rapport au travail.

De tout temps, l’émergence de nouvelles technologies, grâce aux combats menés par les travailleurs, a conduit à l’octroi de nouveaux droits. Or, l’hyperflexibilité des travailleurs exigée actuellement dans un contexte de croissance et de technologies de plus en plus performantes est non seulement anachronique mais surtout économiquement et socialement injuste.

Pour la FGTB, la solution se trouve dans la réduction collective du temps de travail. Pour garantir le droit à une vie privée, à un emploi décent pour toutes et tous et pour une société et un monde du travail plus justes. Il est temps de penser au progrès social… C’est cela la modernité !

Ensemble, on peut faire changer les choses !

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